En décembre 2016, la France a connu l’une de ses pires crises de pollution aux particules fines. Les hôpitaux parisiens ont rapporté une augmentation de 30% du nombre d’enfants admis à l’hôpital pour cause d’affections respiratoires durant ce même mois. Celle-ci était telle, que la circulation alternée a été reconduite à Paris et ses proches banlieues pour la quatrième fois depuis 20 ans.

Les spécialistes estiment qu’il s’agit du pic de pollution le plus important depuis 10 ans. Elle a surtout touché les grands centres urbains, qui ont tous été contraints d’adopter des mesures très restrictives en vue de l’endiguer. Ces pics ne constituent cependant que la face visible de ce tueur silencieux.

Dans le top 3 des causes de décès !

Avec 48.000 décès par an, la pollution atmosphérique constitue la troisième cause de décès en France après le tabac (78.000) et l’alcool (49.000).

Quelle est l’ampleur du phénomène en France ? Quelles sont les villes les plus touchées et comment peut-on durablement endiguer ce phénomène ?

Qu’est-ce que la pollution atmosphérique ?

La pollution atmosphérique est l’introduction de particules nocives, de molécules biologiques ou de molécules chimiques dans l’atmosphère terrestre. Ces composants, qui portent le nom de « polluants atmosphériques » proviennent aussi bien de l’activité humaine que de sources naturelles. La pollution atmosphérique peut également être classée en deux sections, à savoir la pollution visible et la pollution invisible.

Cette sous-catégorie de la pollution environnementale peut causer des maladies, des allergies ou la mort chez l’homme. Elle peut également causer des dommages à d’autres organismes vivants tels que les animaux et les cultures et peut endommager l’environnement naturel ou les infrastructures. L’activité humaine et les processus naturels peuvent générer la pollution de l’air.

Chiffres de la pollution aux particules fines en France

Conduite en 1996, la première évaluation quantitative d’impacts sanitaires (EQIS) a révélé que les PM10 entrainaient chaque année 32 000 décès en France. En 2000, le programme Clean Air for Europe (Cafe) a révélé que les particules fines anthropogéniques étaient la cause chaque année de 42.000 morts prématurés. Une étude conduite conjointement par l’OMS et Global Burden of Disease (GBD) a estimé que la France pourrait prévenir 16 900 décès sur son territoire, si elle s’évertuait à maintenir le taux de PM2,5 en dessous de la barre de 10 microgrammes par mètre cube.

Un rapport de l’Institut de veille sanitaire, daté du 6 janvier 2015 concluait que la mortalité journalière non due aux accidents progressait de 0,51% à chaque fois que la concentration en PM10 s’accroissait de 10 µg. Cette étude conduite sur 17 grandes agglomérations de l’Hexagone stipule que cette progression de la mortalité s’établit à 1,04% dans la catégorie des plus de 74 ans. Les villes concernées sont Lens-Douai, Toulouse, Strasbourg, Rouen, Rennes, Paris, Nice, Nantes, Nancy, Montpellier, Marseille, Lyon, Lille, Le Havre, Grenoble, Dijon et Bordeaux. Ces agglomérations totalisaient une population estimée à 15 333 576 habitants (INSEE, recensement 2009), soit 24,5 % des personnes vivant en métropole.

Selon une étude publiée en 2016 par le Ministère de la Santé publique, l’excès de particules très fines (PM2,5) dans l’atmosphère compte pour 2 à 5% de la mortalité toutes causes. Dans les agglomérations les plus polluées, ce taux peut atteindre 15%. Ce même rapport indique que le nombre de décès par an pourrait être réduit de 3000 si toutes les communes appliquaient les recommandations issues du Grenelle de l’environnement. On estime à 47 millions le nombre de personnes qui vivent dans des agglomérations dont le taux de pollution aux particules fines dépasse le seuil de l’OMS, qui est fixé à 10 µg/m3. Les études concluent à une réduction de 10 mois de l’espérance de vie sur 30 ans.

Classement des villes françaises les plus polluées

Une étude intitulée « Impact à court terme des particules en suspension (PM10) sur la mortalité dans 17 villes françaises » a été menée par l’Inserm et publiée par l’Institut de veille sanitaire. Cette étude a évalué les niveaux de pollution dans 17 grandes villes françaises à savoir Bordeaux, Dijon, Grenoble, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nancy, Nantes, Nice, Paris, Rennes, Rouen, Strasbourg, Toulouse, Lens-Douai.

L’étude menée entre 2007 et 2010 a proposé un classement de ces grandes agglomérations françaises en ce qui concerne la pollution.

 

 
  • Avec un taux de particules en suspension égale à 17 µg/m3, la palme de la ville la moins polluée revient à Dijon.
  • La seconde place est occupée par Nantes avec un taux de 21,4µg/m3.
  • En troisième position, on retrouve Toulouse avec un taux moyen de particules en suspension égal à 21,7 µg/m3.
  • Rennes pointe à la 4ème place avec un score de 21,9 µg/m3.
  • La 5ème place est occupée par Bordeaux avec un taux de particules en suspension égal à 22 µg/m3.
  • A la 6ème place, se trouve Montpelier avec un score de 23,2 µg/m3..
  • La 7ème et la 8ème place sont occupées par Nancy et le Havre avec respectivement 23,8 µg/m3 et 24,6 µg/m3.
  • A la 9ème place figure Strasbourg avec un taux de particules en suspension qui s’établit à 25,6 µg/m3.
  • En 10ème position vient Rouen avec 25,8 µg/m3.
  • Paris vient en 11ème position avec un taux qui s’établit à 27 µg/m3.
  • A la 12ème place pointe Lens-Douai avec 27,3 μg/m3.
  • La 13ème place revient à Grenoble avec 27.5 μg/m3.
  • Nice vient en 14ème position avec 29,2 µg/m3.
  • A la 15ème place, se retrouve Lyon avec 29,5 µg/m3.
  • A la 16ème et avant dernière place, on retrouve Lille avec 30,9 µg/m3.
  • Le bonnet de l’âne de la ville la plus polluée est décernée à la cité phocéenne, Marseille avec un taux de pollution aux particules fines qui s’établit à 31,8 µg/m3.

UE et OMS : qu’en pensent-ils ?

Il faut cependant noter que toutes ces villes sont en deçà du seuil de l’Union Européenne qui s’établit à 40 µg/m3. Mis à part Dijon, les 17 villes ci-dessus citées excèdent la limite fixée par l’Organisation Mondiale de la Santé, à savoir 20 µg/m3.

L’étude révèle que l’hiver est la période où la pollution est la plus intense, tandis que l’été constitue la période où l’air est le plus pur. Les zones urbaines sont les plus polluées, mais les zones rurales sont loin d’être des exemples parfaits. Car si la perte d’espérance de vie en zone urbaine atteint 15 mois, elle est de 09 mois en zone rurale. On pourrait croire que la montagne est préférable, mais il n’en est rien car les zones montagneuses sont plupart du temps parcourues par des réseaux autoroutiers très denses.

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Principaux polluants atmosphériques

Un polluant atmosphérique est une substance dont la présence dans l’air peut avoir des effets négatifs sur les humains et l’écosystème. Les polluants peuvent arborer diverses formes. Il peut s’agir de particules solides, de gouttelettes, de liquide ou de gaz. Un polluant peut être d’origine naturelle ou artificielle. Les polluants atmosphériques sont classés en polluants primaires et en polluants secondaires. Les polluants primaires sont habituellement produits à partir d’un processus, comme les cendres provenant d’une éruption volcanique.

D’autres exemples incluent le monoxyde de carbone provenant des gaz d’échappement des véhicules automobiles ou le dioxyde de soufre rejeté par les usines. Les polluants secondaires ne sont pas émis directement. Au contraire, ils se forment dans l’air lorsque les polluants primaires réagissent ou interagissent. L’ozone au niveau du sol est un exemple parlant de polluant secondaire. Certains peuvent être à la fois primaires et secondaires : ils peuvent être émis directement ou formés à partir des polluants primaires.

Au nombre des polluants réglementés, on compte l’ozone (O3), les Chlorofluorocarbones, le dioxyde de carbone, les Oxydes d’azote (NOx), les Composés Organiques Volatils (COV), les particules en suspension (PM), le dioxyde de soufre (SO2), le monoxyde de carbone (CO), les métaux lourds et l’ammoniac (NH3).

Le dioxyde de carbone

Le dioxyde de carbone (CO2) est de loin le polluant le plus abondamment produit par les activités humaines. Bien que la concentration de CO2 ne soit actuellement que d’environ 405 parties par million dans l’atmosphère terrestre, des milliards de tonnes de CO2 sont émis chaque année par la combustion de combustibles fossiles. L’augmentation du CO2 dans l’atmosphère terrestre s’est même accélérée.

Les Chlorofluorocarbones (CFC)

Nocifs pour la couche d’ozone, les chlorofluorocarbones sont émis à partir de produits actuellement interdits d’utilisation. Ce sont des gaz qui sont libérés par des climatiseurs, des réfrigérateurs, des pulvérisateurs d’aérosol, etc. Lors de leur rejet dans l’air, les CFC montent à la stratosphère. Ils entrent en contact avec d’autres gaz et endommagent la couche d’ozone. Cela permet aux rayons ultraviolets nocifs d’atteindre la surface de la terre. Cela peut conduire à un cancer de la peau, des maladies des yeux et peut même causer des dommages aux plantes.

Les Oxydes d’azote

Ce groupe de polluants regroupe le monoxyde d’azote (NO) et le dioxyde d’azote (NO2). Les oxydes d’azote proviennent des combustions à haute températures et sont pour la plupart émis par le secteur du transport routier, qui représente 56% des émissions françaises selon un rapport publié en 2011. Les autres principaux émetteurs sont l’agriculture (10%) et l’industrie (14%).

Les oxydes d’azotes entraînent une obstruction et une inflammation des voies respiratoires lors des pics de pollution. Ils rendent l’organisme plus sensible aux attaques des pathogènes. Les NOx sont très nuisibles pour les personnes du troisième âge, celles qui ont une faiblesse immunitaires, les fumeurs et les personnes souffrant d’affections respiratoires.

Les composés Organiques Volatils (COV)

Les COV sont des molécules, dont la formule contient au moins un atome de carbone. Cet atome de carbone peut être combiné à d’autres éléments comme l’azote, le silicium, le phosphore, le soufre, l’oxygène, les halogènes ou l’hydrogène. Le méthane constitue l’élément prépondérant au niveau des COV. Les COV d’origine anthropique sont les solvants et les carburants. Les ménages constituent les principaux émetteurs de COV, avec une proportion de 38%, puis viennent le transport, le secteur de l’énergie et le secteur agricole.

L’isoprène et les terpènes sont des COV d’origine naturelle. Ils sont notamment produits par le couvert végétal. Les COV sont cancérigènes et mutagènes. Ils peuvent nuire aux capacités reproductives et occasionner des affections dermatologiques. Ils sont également à la base de troubles respiratoires. Les parturientes, les enfants en bas âge et les personnes âgées constituent la population à risque, en ce qui concerne les COV.

L’ozone

Polluant secondaire, l’ozone se forme dans la basse atmosphère. Ses précurseurs sont les COV et les oxydes d’azote. La production de ce composé toxique est boostée par le rayonnement solaire. Le pic de production d’ozone dans la basse atmosphère se situe donc en été. De même, la pollution à l’ozone est plus intense dans les régions rurales et périurbaines.

Très agressif, l’ozone s’infiltre dans les confins de l’appareil respiratoire pour y induire des difficultés respiratoires. Les effets néfastes de ce gaz se décuplent lorsqu’il est en présence de certains composés comme les oxydes d’azotes et les oxydes de soufre. En dehors de la santé, l’ozone a un effet dépressif sur les rendements agricoles.

Le monoxyde de carbone

Le monoxyde de carbone est produit au cours d’une combustion incomplète. Le combustible (bois, gaz, fioul ou charbon) subit une combustion imparfaite du fait d’un moteur ou d’un matériel défectueux. La production d’acier vient en tête des émissions avec une part estimée à 38%. Ce secteur est suivi par les ménages avec une part de 34%.

Suite aux réglementations rigoureuses qui ont été adoptées, le secteur du transport ne constitue désormais qu’un émetteur marginal avec une part estimée à 5%. Lorsqu’il est inhalé, le monoxyde de carbone passe dans le sang et se fixe sur l’hémoglobine. Il empêche alors la fixation de l’oxygène et le patient meurt par asphyxie, si son taux atteint des niveaux mortels.

Le dioxyde de soufre

Ce polluant est émis lors de la combustion de combustibles ayant une forte teneur en soufre, notamment, le fioul, le charbon fossile et le gaz. Avec un taux de 35%, le raffinage et la pétrochimie constituent la première source d’émission. Ils sont suivis par le secteur de l’énergie. Les oxydes de soufre génèrent des pluies acides qui nuisent aux écosystèmes et aux infrastructures.

L’ammoniac

L’ammoniac est un gaz avec une odeur piquante caractéristique. Etroitement liés à l’élevage et à la fertilisation des parcelles agricoles, ce composé chimique sert de précurseur à un certain nombre de particules en suspension. L’agriculture en est le principal émetteur avec une part estimée à plus de 90%. Elle est suivie de loin de loin par le secteur du transport. Curieusement, ce sont les véhicules équipés de pots catalytiques qui en émettent le plus.

Métaux lourds

Les métaux lourds réglementés en tant que polluants atmosphériques sont le nickel, le cadmium, l’arsenic, le mercure et le plomb. La métallurgie et la chimie en sont les principaux émetteurs. Ils sont suivis par le chauffage des ménages et le transport automobile. Et ce sont encore les véhicules équipés de pots catalytiques qui produisent ces polluants. Les métaux lourds peuvent être fixés par divers organismes et se retrouver dans l’assiette du consommateur. Ils peuvent alors induire un empoisonnement ou nuire à des organes comme les reins et le foie.

Qu’est ce que les particules fines ?

Gaz d'échappement

Les particules (PM) sont des matières solides ou liquides microscopiques en suspension dans l’atmosphère terrestre. Le terme aérosol désigne communément le mélange particules/air, par opposition à la matière particulaire seule. Les particules sont classées en 4 catégories, à savoir les PM10, les PM2.5, les PM1,0 et les PM0,1.

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La première catégorie, dénommée « particules en suspension dans l’air », concerne les particules atmosphérique dont le diamètre est inférieur ou égal à 10 µm. Les PM2.5, également appelées « particules fines, ont un diamètre inférieur ou égal à 2,5 µm. les PM2.5, qui portent le nom de « particules très fines », ont un diamètre inférieur ou égal à 1 µm. La dernière catégorie est celle des particules ultrafines ou nanoparticules. Elles ont un diamètre inférieur ou égal à 0,1 µm.

Quelle est la composition chimique des particules fines ?

La composition des particules dépend de leur source. Les poussières minérales soufflées par le vent ont tendance à être constituées d’oxydes minéraux et d’autres matières provenant de la croûte terrestre. Le sel de mer est considéré comme le deuxième composé global des aérosols. Il se compose principalement de chlorure de sodium provenant de la pulvérisation de la mer. D’autres constituants du sel marin atmosphérique reflètent la composition de l’eau de mer et comprennent donc le magnésium, le sulfate, le calcium, le potassium, etc.

Les particules secondaires dérivent de l’oxydation des gaz primaires tels que l’oxyde de soufre et les oxydes de l’azote. Les précurseurs de ces aérosols, peuvent avoir une origine anthropique (combustibles fossiles ou charbon de bois) et/ou naturelle. En présence d’ammoniac, les aérosols secondaires prennent souvent la forme de sels d’ammonium; tels que le sulfate d’ammonium et le nitrate d’ammonium. En l’absence d’ammoniac, les composés secondaires se transforment en acides comme l’acide sulfurique et l’acide nitrique.

La matière organique peut être un constituant primaire ou secondaire. Sa présence dans l’atmosphère peut être anthropogénique ou biogénique. La composition chimique de l’aérosol affecte directement son interaction avec le rayonnement solaire. Les constituants chimiques de l’aérosol changent l’indice de réfraction global. L’indice de réfraction déterminera la quantité de lumière dispersée ou absorbée.

Les particules, qui provoquent généralement des effets visuels tels que le smog, se composent de dioxyde de soufre, d’oxydes d’azote, de monoxyde de carbone, de poussière minérale, de matière organique et de suie. En raison de la présence de soufre et de SO2, la visibilité est fortement réduite et le brouillard arbore une couleur jaune.

Maladies provoquées par la pollution

Fumée polluante devant arbres verts

La taille de la particule est un facteur déterminant de son effet sur la santé. Il détermine, en effet, les régions du tractus respiratoire que celle-ci peut affecter après inhalation. Les particules les plus grosses sont généralement filtrées au niveau du nez et de la gorge par les cils et le mucus, contrairement aux particules de diamètres inférieurs à 10 micromètres qui peuvent s’installer dans les bronches et les poumons, et causer des problèmes de santé.

En réalité, la taille de 10 micromètres ne représente pas une limite stricte entre les particules respirables et non respirables, mais la plupart des organismes de réglementation ont convenu de surveiller ce type de particules. En raison de leur petite taille, les particules de l’ordre de 10 micromètres ou moins (PM10) peuvent pénétrer dans la partie la plus profonde des poumons tels que les bronchioles ou les alvéoles.

Les particules de moins de 100 nanomètres (nanoparticules), peuvent être encore plus dommageables pour le système cardiovasculaire. Elles peuvent passer à travers les membranes cellulaires et migrer vers d’autres organes, y compris le cerveau. Les particules émises par les moteurs diesel modernes sont typiquement dans la plage de taille de 100 nanomètres (0,1 micromètre). Ces particules de suie transportent également des carcinogènes comme les benzopyrènes adsorbés sur leur surface.

La masse des particules n’est pas une mesure pertinente du danger qu’elles représentent pour la santé. Les limites légales pour les émissions des moteurs basées sur la masse ne sont donc pas protectrices.

Les conséquences sur la santé

Des propositions de nouvelles réglementations existent dans certains pays, avec des suggestions pour limiter la surface de particules ou le nombre de particules. Les effets de l’inhalation de particules chez les humains et les animaux comprennent l’asthme, le cancer du poumon, les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires, l’accouchement prématuré, les anomalies congénitales et la mort prématurée. Les niveaux plus élevés de particules fines résultant de la pollution anthropique sont liés aux effets les plus graves, y compris le cancer du poumon. Les études indiquent que la pollution aux particules fines a entraîné 3,22 millions de décès dans le monde en 2010.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé en 2005 que la pollution atmosphérique aux particules fines (PM 2,5) était la cause d’environ 3% de la mortalité par cardio-pulmonaire, environ 5% de mortalité par cancer des voies respiratoires et environ 1% de la mortalité due aux infections respiratoires aiguës chez les enfants de moins de 5 ans. L’exposition à des concentrations élevées peut contribuer de manière significative à court terme aux maladies cardiaques, comme le confirme une étude américaine parue en 2016.

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Une étude parue en 2011 a, de son côté, conclu que les gaz d’échappement des véhicules étaient la cause la plus grave et la plus évitable des crises cardiaques. Ils ont des impacts sur le climat, ainsi que les précipitations et nuisent à la santé humaine. Les plus nocives sont les particules fines, c’est-à-dire celles dont le diamètre est inférieur ou égal à 2.5 μm. Les études indiquent qu’elles seraient à la base d’un grand nombre de cancers, dont celui du poumon.

 

Autres effets de la pollution de l’air

Usines crachant leur gaz

La pollution à la suie et à l’ozone est responsable de pertes agricoles. Il en est de même du dioxyde soufre qui génère des pluies acides. Les pluies acides nuisent également aux infrastructures et aux monuments. Les vitraux s’opacifient, tandis que les statues noircissent ou se corrodent.

Selon une étude conjointe de la Banque mondiale et de l’Institut d’évaluation sanitaire de l’Université de Washington, la pollution atmosphérique coûte à l’économie mondiale 5 milliards de dollars par an en raison des pertes de productivité et de la dégradation de la qualité de vie. Ces pertes de productivité sont causées par des décès dus à la pollution atmosphérique.

Un décès sur dix en 2013 a été causé par des maladies associées à la pollution atmosphérique et le problème s’aggrave. Certains polluants, à l’instar des CFC entraînent la destruction de la couche d’ozone. D’autres comme le dioxyde de carbone et le méthane contribuent à l’effet de serre et au changement climatique.

Causes de la pollution

Il existe plusieurs activités ou facteurs qui sont responsables de la libération de polluants dans l’atmosphère. Ces sources peuvent être classées en deux grandes catégories, à savoir les causes anthropogéniques et les causes naturelles.

Les causes anthropogéniques de la pollution

Ils sont principalement liés à la combustion de plusieurs types de combustibles. Les sources fixes comprennent les cheminées des centrales électriques, les installations industrielles, les incinérateurs de déchets, ainsi que les fours et autres dispositifs de chauffage à combustible. La combustion de biomasse est une source importante de polluants atmosphériques. Les sources mobiles comprennent les véhicules à moteur, les navires et les aéronefs. Parmi les autres sources anthropogéniques, on distingue l’évaporation de solvants issus de la peinture, des vernis et des vaporisateurs.

Les causes naturelles

Parmi les causes naturelles, on distingue les éruptions volcaniques, les envolées de poussière  et la fumée émise par les feux de brousse. Certains végétaux émettent également des polluants plus connus sous l’appellation de composés organiques volatiles.

Les industries, les installations de chauffage (principalement le chauffage au bois), les véhicules à moteur thermiques du transport, l’agriculture et les centrales thermiques sont les principales pourvoyeuses de la pollution atmosphérique qui frappe les grandes villes française. Le transport urbain est pointé du doigt à chaque fois qu’il y a un pic de pollution. D’ailleurs les principales mesures de mitigation concernent des restrictions sur ce secteur (circulation alternée, bannissement des voitures âgées…).

Airparif indique cependant que le transport automobile ne compte que pour 28% des émissions à Paris et ses environs. Le chauffage représente, quant à lui, 26% des émissions. Le chauffage au bois constitue l’activité la plus nocive. Alors qu’il ne représente que 5% de l’ensemble de tous les chauffages, le chauffage au bois représente 88% des émissions de particules fines du secteur chauffage. Une étude récente indique cette pratique serait à l’origine de 85% des émissions de particules fines dans certaines zones de la Haute Savoie. Il faut cependant noter que ceux-ci ne sont rien comparés aux effets d’une exposition à long terme à la pollution.

La plus grande partie des impacts de la pollution sur la santé sont dus à une exposition quotidienne sur une longue période. L’inflammation et le stress oxydatif causés par les particules fines finit par conduire au développement d’affections chroniques. Les études indiquent que cette exposition pourrait être nocive pour le fœtus. L’une des sources naturelles de pollution est la poussière transportée par le vent à partir d’endroits où la couverture végétale est très faible ou nulle.

On recense également les gaz dégagés par les processus métaboliques des êtres vivants (dioxyde de carbone dégagé pendant la respiration ou méthane issu de la digestion des bovins). La fumée provenant des feux de forêt et les éruptions volcaniques appartiennent à la liste des sources naturelles de pollution.

Exposition à la pollution atmosphérique

Le risque lié à la pollution atmosphérique est fonction de la nocivité du polluant et de l’exposition à ce polluant. L’exposition à cette pollution peut être exprimée pour un individu, par groupes (par exemple, les quartiers ou les enfants vivant dans un pays) ou pour des populations entières. Par exemple, on peut calculer l’exposition à un polluant atmosphérique dangereux pour une zone géographique, qui comprend les divers microenvironnements et les groupes d’âge. Cela rendrait compte de l’exposition quotidienne dans divers contextes.

L’exposition doit inclure différents groupes démographiques et différents groupes d’âge, en particulier les nourrissons, les enfants, les femmes enceintes et les populations vulnérables. L’exposition à un polluant doit intégrer les concentrations du polluant atmosphérique par rapport au temps passé dans chaque environnement . Il doit aussi inclure les taux d’inhalation respectifs de chaque sous-groupe. Par exemple, le taux d’inhalation d’un enfant en bas âge sera inférieur à celui d’un adulte.

Un enfant engagé dans un exercice vigoureux aura un taux de respiration plus élevé qu’un autre qui s’adonne à une activité moins intense. L’exposition quotidienne doit alors refléter le temps passé dans chaque environnement et le type d’activités pratiqué dans ces environnements. Les concentrations du polluant dans chaque activité/microenvironnement sont additionnées pour calculer l’exposition.

Pics de pollution

Rejets de l'industrie

Très médiatisés, les pics de pollutions correspondent à un taux élevé de polluants atmosphériques susceptible de nuire à la santé publique. On parle de pic lorsque ce taux dépasse un seuil fixé par la réglementation. On distingue deux seuils en France, à savoir le seuil d’information et de recommandation, ainsi que le seuil d’alerte.

Pour les particules fines (PM10), le seuil d’information et de recommandation est de 50 µg/m3. Le seuil d’alerte est quant à lui de 80 µg/m3. Les pics de pollution fortement médiatisés ne sont que la face visible de l’iceberg. Ils interviennent lorsque certaines conditions météorologiques empêchent la dispersion des polluants que sont les particules fines, l’ozone, les oxydes d’azote (NOx), le monoxyde de carbone, le benzène, l’arsenic, le cadmium, le nickel, le plomb et le dioxyde de soufre.

En temps normal, la pluie et le vent contribuent à disperser ces particules, atténuant ainsi leurs effets sur la santé. Les anticyclones empêchent le vent de souffler et maintiennent les polluants au niveau du sol. L’alerte est donnée en France quand le taux de polluant atteint le seuil critique de 80 µg par mètre cube d’air.

Les pics de pollutions peuvent entraîner des symptômes sans grande gravité comme l’irritation des yeux et des voies respiratoires, la toux et l’essoufflement. Chez certaines personnes, ils peuvent être plus graves et entraîner une hospitalisation en raison de pathologies cardiovasculaires ou de détresse respiratoire. Les pics de pollution se distinguent surtout par leur caractère spectaculaire (smog, visibilité réduite, sensation d’étouffement). Cependant, leur impact sur le moral des populations conduit les gouvernants à prendre des mesures chocs telles que la circulation alternée et la gratuité des transports publics.

Précautions à prendre pendant les pics de pollution

Ces épisodes correspondent à un accroissement majeur de polluants dans l’air. Certaines précautions sont nécessaires pour éviter de nuire gravement à sa santé. Ainsi, il est conseillé de maintenir fermées ses fenêtres durant la journée. On les ouvrira tôt le matin ou tard la nuit durant quelques minutes en vue d’aérer les pièces. Les activités sportives en plein air sont formellement proscrites, de même que la marche à pied aux abords des artères les plus fréquentées. Les personnes du troisième âge, les nouveau-nés, les parturientes, ainsi que les personnes souffrant d’asthme, d’allergie ou de maladies cardiovasculaires devraient éviter de sortir de la maison.

Comment lutter contre la pollution atmosphérique ?

Les mesures chocs prises pendant les pics de pollution ne sont que des coups de sabre dans l’eau au vu des réels enjeux. S’ils sont spectaculaires, ces pics ne représentent qu’une infime partie du danger qui guette les populations françaises. Le véritable danger venant d’une exposition à long terme à des niveaux de polluants inférieurs aux seuils réglementaires, la gestion des pics de pollutions ne saurait constituer une solution viable. Des mesures doivent être prises pour une réduction au quotidien de ces polluants.

Le transport automobile étant un contributeur non négligeable en ce qui concerne les émissions, il est essentiel de promouvoir l’utilisation des transports publics et du covoiturage. Des mesures doivent être prises pour décourager les personnes qui roulent sans passagers. Les modes de transport non polluants tels que la voiture électrique doivent être promus. Des mesures doivent être prises pour améliorer l’efficacité énergétique du chauffage en hiver.

Cela peut se faire à travers le financement de travaux d’isolation thermique ou par l’acquisition de matériel plus performant. Vu la nocivité du chauffage au bois, il serait sensé de l’interdire. La production d’électricité à partir d’énergies fossiles comme le charbon doit être bannie. Dans la même veine, les énergies renouvelables doivent être développées.

Dans tous les cas, la lutte contre la pollution atmosphérique ne doit pas être épisodique. Il s’agit d’un combat quotidien, dont le succès est intimement lié au bien-être et à la santé des populations.

Efficacité de la circulation alternée

Avant décembre 2016, la circulation alternée n’avait été instaurée que 3 fois. La mesure n’avait durée qu’une unique journée et elle avait permis de ramener la pollution à des niveaux acceptables. Cela n’a pas été le cas en 2016. Le 6 décembre 2016, la circulation alternée à Paris n’a permis qu’une réduction de l’ordre de 5 à 10 %. Il faut néanmoins noter que la mesure a été très peu suivie, de nombreuses personnes ayant décidé de l’enfreindre. La sanction envers les contrevenants est très faible (entre 22 et 75 €), de même que les contrôles, qui ne sont pas aussi fréquents qu’on pourrait le souhaiter.

En quelques mots

Au terme de notre analyse, nous pouvons retenir que les villes françaises ne font pas partie des villes les plus polluées du monde. Elles sont toutes d’ailleurs en dessous du seuil de 40 µg de particules fines par mètre cube d’air fixé par l’Union Européenne. Il faut cependant noter que, mis à part Dijon, toutes les grandes agglomérations françaises sont toutes au delà du seuil fixé de 20 µg/m3 de particules fines fixé par l’organisation mondiale de la santé. Parmi les grandes agglomérations, Marseille est de loin la plus polluée, tandis que Dijon est la plus vertueuse.

Les activités anthropiques font partie des premières causes de la pollution de l’air dans l’hexagone. Les industries, le chauffage résidentiel, l’agriculture et le transport sont les premières causes de ce phénomène. Le transport routier fait le coupable idéal, mais la réalité est tout autre. Certaines activités comme le chauffage au bois sont encore plus nocives que le transport automobile. Les pics de pollutions matérialisés par les épais brouillards, la suffocation et la réduction de la visibilité font en réalité plus de bruit que de mal. La majeure partie de ce phénomène est invisible, voire imperceptible.

Le véritable problème est celui de l’exposition quotidienne et prolongée à des doses situées largement en dessous des seuils officiel. La pollution est un tueur invisible qui fait chaque année des hécatombes à travers toutes les contrées de l’hexagone. On lui attribue annuellement plus de 48.000 victimes et ce ne sont pas les gesticulations et les vœux pieux observés lors des pics de pollutions qui y changeront quelque chose.

La pollution de l’air est un véritable enjeu de santé publique, car il constitue la troisième cause de décès en France. La lutte contre ce fléau nécessite une politique globale visant à éliminer progressivement toutes les sources de pollution. Le coût économique et social de ses effets désastreux est tel que la lutte ne saurait attendre. Le droit à un air sain est une liberté fondamentale pour chaque être humain. Il convient donc de sonner la mobilisation générale et de commencer à poser des actes concrets.

Sources